Bonjour,
Karim Attoumani a écrit récemment : "j'espère ne pas écrire du chinois. Je me rends compte que je ne lis pas vraiment mon cour de shikomori quand je m'efforce de l'écrire".
Je comprends que les Comoriens en général aient des difficultés pour écrire le comorien. L'orthographe, quelle que soit la langue, ça s'apprend. Or nous n'avons jamais appris à l'écrire. Chacun essaie de faire ce qu'il peut. C'est déjà très louable. En me basant juste sur les sons de la langue, je note deux tendances chez les Comoriens :
1. Il y a ceux qui ne "s'écoutent" pas assez avant d'écrire et qui tentent une écriture "savante". Résultat : ils compliquent les choses au lieu de faire simple. C'est le cas de notre ami Karim. Reprenons ses phrases et essayons de les analyser
1. Mpwedza ya trilwa monsi. Prenons l'exemple du dernier mot. A quoi sert la lettre "n". Pourquoi ne pas écrire tout simplement mosi ("fumée en shiNdzuani) ?
Il faut apprendre à "s'écouter", car le comorien connaît des sons dit "oraux" et des sons dit "nasaux". C'est pourquoi il faut bien faire la différence entre, par exemple, ngoma et goma ou mgu et Mngu. Ou encore entre ɓaâda(ɓa-â-da) "après" et ɓanɗa (ɓa-nɗa) "plaine" en shiNgazidja, etc.
2. Fy iyanihawo. Pourquoi Fy avec un "y" au lieu de fi("poisson" en shiNdzuani) tout simplement ? C'est en malgache qu'on met un "y" à la fin d'un mot pour rendre le son "i". Quant au mot iyanihawo,pourquoi "iy" au début du mot ? En plus, tel que c'est écrit, il faut comprendre que c'est le "poisson qui fait sécher" et non "qu'on fait sécher". Il fallait plutôt écrire yanihwao...
2. Puis il y a ceux qui "s'écoutent" peut-être un peu trop et qui ne font pas assez d'effort pour écrire les mots comme il faut : ils reproduisent exactement ce qu'ils entendent.
L'inconvénient de cette façon de faire est d'introduire beaucoup d'incohérence dans le système orthographique et de compliquer l'apprentissage (grammatical) pour les personnes dont ce n'est pas la langue maternelle. Prenons l'exemple de la phrase suivante : handjo msirini. Si le sens de cette phrase semble évident pour un mNgazidja, ça ne l'est pas pour un mNdzuani par exemple. Or si on avait écrit handjia homsirini, ce dernier aurait compris au moins le premier mot de la phrase... Je ne vais pas entrer ici dans les détails : quelques explications se trouvent sur le site palashiyo.
Après cette question des sons, il se pose également le problème de la coupure des mots. Faut-il écrire, comme Karim, ya trilwa en deux mots ? ou yatrilwa en un seul mot ? Pour avoir la réponse, reportez-vous à notre prochaine rubrique du site palashiyo sur le système verbal...
Ahmed Chamanga