Bonjour (A Cheick Natidja),
Pour répondre à votre question sur le choix de l'écriture du comorien, je dirai que c'est plutôt par hasard et par habitude. Mais, je vais être plus précis, en faisant un peu la genèse de cette écriture.
Jusqu'à la veille de l'indépendance de notre pays, les Comoriens, dans leur très grande majorité, écrivaient leur langue en servant des caractères arabes. Mais petit à petit, avec le nombre de plus en plus croissant des scolarisés en français depuis les années trente, et avec la rencontre avec le monde malgache et le monde swahili où l'écriture latine est officielle, les Comoriens ont commencé à utiliser cette écriture latine, tout en continuant, dans certains contextes, à employer l'écriture arabe.
Puis arrive l'indépendance des Comores et la politique révolutionnaire d'Ali Swalihi qui met en place une grande campagne d'alphabétisation des Comoriens en optant pour l'écriture latine. Ceci a permis à un nombre important de nos compatriotes d'apprendre à lire et à écrire en comorien. Il faut également souligner que le nombre d'écoles publiques et le nombre d'élèves ont quasiment explosé depuis cette période. Aujourd'hui, dans chaque village des Comores, on a au moins une école publique où l'enseignement se fait en français, avec naturellement les caractères latins.
L'école coranique a une durée limitée alors que dans les écoles publiques, les élèves y restent plus longtemps et acquièrent donc une pratique régulière et durable des caractères latins. Je peux dire que c'est donc naturellement que l'écriture latine s'est imposée, aidée en cela par l'administration comorienne où le français reste pratiquement la seule langue officielle.
Le fait que le comorien compte un nombre important de mots d'origine arabe ne suffit pas pour justifier l'utilisation des caractères arabes pour notre langue. D'ailleurs un certain nombre de pays musulmans, comme la Turquie, la Somalie et la Malaisie, dont la langue comprend des milliers de mots d'origine arabe et qui utilisaient l'écriture arabe pendant des siècles, l'ont abandonnée par la suite au profit de l'écriture latine.
Pour ma part, je pense que cette écriture est mal adaptée pour notre langue. Puis, techniquement, elle pose pas mal de problèmes qu'il serait long de développer ici.
Enfin, ce débat sur le choix de l'écriture - arabe ou latine - qui a fait couler tant de salive et d'encre, est aujourd'hui dépassé. Après tout, ce n'est qu'un outil. Puisqu'il fait consensus, tenons-nous-en, et avançons !
Ahmed Chamanga