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  • urentre

Le blog urentre

Chers amis internautes,

J'ai le plaisir de vous présenter le blog urentre. C'est mon blog, mais c'est aussi le vôtre, si vous le souhaitez.

Le blog urentre se veut être un espace d'échanges, de réflexion, de création et de production, avec comme centre d'intérêt la langue comorienne, le shiKomori, en tant qu'objet d’étude, mais aussi comme outil de travail et de développement.

L’initiative n’est pas une première en soi, puisque beaucoup a déjà été dit et écrit dans et sur la langue comorienne, et que d’autres lieux et pôles de réflexion sur le shiKomori existent. Mais les Comoriens ont dit : « shengi tsi uaɗe, na shihu kashitri ».

Notre objectif est donc tout juste de permettre à un plus grand nombre de personnes de s'exprimer à travers le shiKomori, de manière plus cohérente et organisée. Et tout le monde peut ainsi participer à cette dynamique d'enrichissement et de développement de et par cette langue.

La diversité et la complémentarité viendront de chacun et de chacune d'entre nous, aussi bien dans le domaine technique linguistique du shiKomori, qu'à travers les différentes thématiques qui seront traitées par cette langue. Tout le monde y aura sa place, les néophytes et les spécialistes, les amateurs et les professionnels. Le blog urentre c’est aussi la croisée des chemins entre le shiKomori et d’autres langues, donc entre comorophones et locuteurs d’autres langues. Le tout est de se libérer et d’aller de l’avant.

J’espère que cette aventure sera longue, riche et passionnante. Donc, trama tsilo ɓo wendza manyo, et à vos plumes !

Amroine Darkaoui.

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Djimbo la twaifa

HYMNE NATIONAL DES COMORES

UDZIMA WA MASIWA

Ɓeramu isipepeza
Inadi ukombozi pia
Idaula ipvenuha
Ha si
ɓaɓu ya idini

Ipvo yatsangaya hunu Komoria

Narikeni na mahaba
Ya hupvendza yamasiwa yatru
Wasi waKomoro damu moja
Wasi waKomoro dini ndzima

Yamasiwa yadzaliwa
Yamasiwa yarilea
Mola ne arisaidia

Narikeni ha nia
Ripvendze watwania
Mahaba ya dini na dunia

Ɓeramu isipepeza
Rangu mwezi sita wa jwie
Idaula ipvenuha
Zisiwa zatru zikatuha
Maore na Ndzuani, Mwali na Ngazidja

Narikeni na mahaba
Ya hupvendza yamasiwa

Paroles : Said Hachim Sidi Abderemane

Musique : Kamildine Abdallah et Said Hachim Sidi Abderemane

Adopté : en 1978

 

Traduction en français

L’UNITE DES ÎLES

Au faîte, flotte le drapeau
Il a proclamé la liberté totale
L’Etat est apparu
Du fait de la religion

Qui a émergé ici aux Comores

Soyons imbus d'amour

Pour adorer nos îles
Nous Comoriens sommes du même sang
Nous Comoriens embrassons la religion

Une naissance a eu lieu pour les îles
Les îles qui nous ont éduqués
Certes Dieu y a apporté Son aide

Soyons dans la conviction

Pour aimer la patrie
Un amour de la religion et de la vie

Au faîte, flotte le drapeau
Depuis le 6 juillet
L’Etat est apparu
Nos îles se sont révélées
Maore et Ndzuani, Mwali et Ngazidja

Soyons imbus d'amour

Pour adorer les îles

Archives

Les mots à la page

Lexique constitué de mots et expressions utilisés sur le blog urentre, et dont la formulation et la signification adoptées ici peuvent changer.

1.        Alifuɓe : alphabet

2.        Ɓarua : lettre (correspondance, courrier)

3.        Harufu : odeur

4.        Hurufu : lettre (consonne, voyelle)

5.        Hurufu ngatiti : lettre minuscule

6.        Hurufu ndribwavu : lettre majuscule

7.        Hurufu ya nyereɓu : voyelle

8.        Hurufu ya swauti : consonne

9.        Hurufu ya nyereɓu ya hanyoni : voyelle orale

10.    Hurufu ya nyereɓu ya mpuani : voyelle nasale

11.   Urentre : action du crieur public

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3 avril 2013 3 03 /04 /avril /2013 00:22

La question est bien pertinente.

En comorien, nous avons des consonnes pré-nasalisées. Or la réalisation de cette nasalisation dépend de la consonne en question. On parle alors de nasale homorganique (= Se dit des unités phoniques qui possèdent le même lieu d'articulation (par exemple les consonnes [p], [b] et [m], qui sont toutes les trois des bilabiales). C'est pourquoi on écrit mbuzi ou mpepvo avec "m" car "m", "b" et "p" se réalisent sur le même point d'articulation (ici avec les deux lèvres).

De même, on écrit ntambi, ndovu, ntrendre, ntsuzi avec "n" car "n", "t, "d", "tr, "dr", et "ts" ont le même point d'articulation (ce sont des apico-alvéolaires ou apico-dentales).

Le problème maintenant se pose avec les consonnes qui ne sont ni bilabiales, ni apico-alvéolaires. C'est le cas des consonnes :

  • f et v  qui sont labio-dentales : on devrait donc utiliser une nasale labio-dentale (qui en phonétique est transcrite [ ɱ ]), et nous donner ɱf et ɱv,
  • k et g qui sont des consonnes vélaires : on devrait utiliser une nasale vélaire notée ŋ en phonétique, d'où les pré-nasalisées vélaires ŋk et ŋg.

C'est donc pour simplifier que j'ai retenu "m" devant "p" et "b" et "n" devant les autres consonnes. Les consonnes "f" et "v" étant à la fois dentales et labiales, le choix est tout à fait arbitraire, quoi que pour les locuteurs la lettre "n" semble avoir leur adhésion. En shiNdzuani, le problème ne se pose pas, car ces consonnes ne peuvent jamais être prénasalisées, d'où fi, vi, vua, etc.

Ahmed Chamanga

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 18:53

La langue comorienne : Notion de classe et de genre, par Mohamed Ahmed-Chamanga.

La classe nominale

L’une des caractéristiques fondamentales des langues bantu est d’organiser les noms dans un système de classes. Chaque nom commande un accord grammatical particulier avec les adjectifs, les démonstratif, les verbes, etc. Tous les noms qui commandent les mêmes accords appartiennent à la même classe nominale. Dans beaucoup de cas, on reconnaît facilement la classe à laquelle un nom appartient d’après son préfixe. Ainsi, les mots mlozi « pêcheur », mndru ou  mntru « personne » et mrumwa « esclave » font partie de la même classe, car :

  • ils ont le même préfixe m,
  • ils font les mêmes accords avec, par exemple, les verbes, comme :

shiNgazidja

shiNdzuani

Traduction

emlozi hafu

umlozi afu

« le pêcheur est mort »

emndru hafu

umntru afu

« la personne est morte »

emrumwa hafu

umrumwa afu

« l’esclave est mort »

Par contre, les mots (Ng) mrunɗa ou (Nz) mrundra « oranger », (Ng) mnazi / (Nz) mnadzi « cocotier », mhunga « anguille », etc, bien que commençant par le préfixe m, n’appartiennent pas à la même classe que mlozi, mndru~mntru et mrumwa car ils commandent d’autres accords. Par exemple :

shiNgazidja

shiNdzuani

Traduction

omrunɗa ufu

umrundra ufu

« l’oranger est mort »

omnazi ufu

umnadzi ufu

« le cocotier est mort »

omhunga ufu

umhunga ufu

« l’anguille est morte »

Les noms s’associent souvent par pair, en opposition de nombre singulier/pluriel. Ainsi :

shiNgazidja

shiNdzuani

Traduction

mlozi / walozi

« pêcheur » / « pêcheurs »

mndru / wandru

mntru / wantru

« personne » / « personnes »

mrumwa / warumwa

« esclave » / « esclaves »

     

mrunɗa / mirunɗa

mrundra / mirundra

« oranger » / « orangers »

mnazi / minazi

mnadzi / minadzi

« cocotier » / « cocotiers »

mhunga / mihunga

« anguille » / « anguilles »

Le genre

En shiKomori, il n’y a ni masculin ni féminin. Mndru (ou mntru)  désigne  l’homme ou la femme.  De même, mwana désigne un enfant en général (garçon ou fille). Pour préciser le sexe, on fait suivre au nom un adjectif comme -me qui signifie « mâle » ou -she qui signifie « femelle ». Ainsi, pour spécifier un garçon, on dira mwana mme et une fille mwana mshe. On peut aussi recourir à des termes spécifiques comme mɓaɓa ~ ɓaɓa « père, homme », mdzadze ~ mama « mère, femme », ou encore ɓewe « bouc », etc.

En comorien, il existe un autre type de genres : le genre des humains, le genre des plantes, le genre des augmentatifs, le genre des diminutifs, le genre des animaux, le genre des abstractions, le genre des infinitifs et le genre des locatifs. Attention : comme en français où dans le genre « féminin » il n’y a pas que des femmes, en comorien aussi dans un genre il n’y a pas forcément une catégorie sémantique bien définie. Nous verrons tout cela au fur et à mesure.

 

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2 octobre 2010 6 02 /10 /octobre /2010 23:55

La langue comorienne : Transcription et orthographe, par Mohamed Ahmed-Chamanga.

L’alphabet

L’alphabet du shiKomori est composé de 26 lettres qui, en recevant parfois certains signes ou en se combinant entre elles, permettent de former tous les sons de la langue.

Minuscule / Majuscule : a/A – ɓ/Ɓ – b/B – c/C – ɗ/Ɗ – d/D – e/E – f/F – g/G – h/H – i/I – j/J – k/K – l/L – m/M – n/N – o/O – p/P – r/R – s/S – t/T – u/U – v/V – w/W – y/Y – z/Z

On distingue :

·          5 voyelles orales (a, e, i, o, u) et 5 voyelles nasales (â, ê, î, ô, û). Ces dernières se rencontrent essentiellement dans des mots d’emprunt

o     e se prononce comme le « é » dans le mot français péché (Ex : peleo « balai ») ;

o     u se prononce comme le « ou » dans le mot français pou (Ex : uɓu « bouillie ») ;

o     â se prononce comme le « an » dans le mot français bande (Ex : âda « coutume » qui vient de l’arabe عادة  ) ;

o     ê se prononce comme le « ain » dans le mot français pain (Ex : êhê ! « Oui ! Bien ! C’est ça ! ») ;

o     î se prononce comme dans le mot îdi « fête » (le mot vient de l’arabe عيد   ) ;

o     ô se prononce comme le « on » dans le mot français bon ;

o     û se prononce comme dans le mot ûdi « luth » (qui vient de l’arabe عود   ).

Attention ! Lorsque deux voyelles se succèdent, elles doivent se prononcer séparément. Exemple : faida. « profit », lire « fa-i-da ».

·          19 consonnes simples transcrites chacune avec une seule lettre : ɓ, b, ɗ, d, f, g, h, j, k, l, m, n, p, r, s, t, v, w, y et z.

o     Les lettres b, d, f, j, k, l, m, n, t, v et z se prononcent à peu près comme en français.

o     ɓ se prononce comme si on aspirait l’air,  à la différence de la consonne « b » où l’air est expulsé de la bouche. C’est une consonne implosive ;

o     ɗ se prononce également en aspirant l’air, contrairement à la consonne « d » où l’air est expulsé. C’est encore une consonne implosive ;

o     g se prononce toujours comme dans le mot français gare, même si elle est suivie de la voyelle « e » ou « i » ;

o     h se prononce toujours aspirée comme dans l’interjection hop ! ;

o     r est toujours roulée ;

o     s se prononce toujours comme dans le mot français si ou comme le « ç » dans le mot leçon, même si elle est entourée de voyelles.

·          10 consonnes simples transcrites avec deux lettres dh, dj, dr, dz, ny, pv, sh, th, tr, ts :

o     dh se prononce comme le « th » de l’anglais that ou le « ذ   » comme dans le mot arabe « ذهب   » [ð] ;

o     dj se prononce comme le « dj » dans Djibouti, ou le « j » dans le nom anglais John [ʤ] ;

o     dr se prononce comme le « d » à « l’africaine » [ɖ] (attention, il ne faut pas prononcer le son « d » suivi du son « r » ; mais essayez de prononcer ces deux lettres en même temps) ;

o     ny se prononce comme le « gn » dans le mot français pagne [ɲ] ;

o     pv se prononce comme le « v » de l’espagnol la vida [β] ;

o     sh se prononce comme le « sh » de l’anglais she ou le « ch » du français chat [ʃ] ;

o     th se prononce comme le « th » de l’anglais thing ou le « ث   » de l’arabe « ثور   » [θ] ;

o     tr se prononce comme le « t » à « l’africaine » [ʈ] ;

o     ts se prononce comme le « ts » dans mouche tsé-tsé [ʦ].

·          15 consonnes complexes mi-nasales : mɓ, mb/mpv, mp, nc, nɗ, nd, ndj, ndr, ndz, nf, ng, nk, nt, ntr, nts et nv.

·          des consonnes vélarisées : ɓw, cw, dhw, ɗw, fw… zw.

On utilisera également deux autres signes :

  • ‘ (l’appostrophe) pour marquer l’élision (chute d’une voyelle), comme dans n’emwana (= na + emwana) « et l’enfant »
  • ¨ (le tréma) pour marquer l’attaque vocalique dans certains mots, comme le mot suäla « question »

L’orthographe

Le comorien est une langue agglutinante : un mot est formé d’un radical auquel se greffe un certain nombre d’affixes [préfixe(s) et suffixe(s)]. Ainsi, le radical -som- peut donner :

·          msomo « lecture, étude »
ou

omsomo
« la lecture, l’étude »
ou

husoma
« lire, étudier »
ou
husomesa « enseigner »
ou encore
ngarisomao « nous lisons »

etc.

Nous voyons donc que radical et affixes sont écrits ensemble. L’orthographe des mots utilisée ici respecte les règles orthographiques officielles adoptées par décret présidentiel le 12/12/2009.

L’accent mélodique

Le comorien est une langue à accent « mélodique ». En shiKomori, chaque mot porte, à l’état isolé, un seul accent qui peut se placer, soit sur l’avant-dernière syllabe dans la plupart des cas (Ex : mirunɗa ~ mirundra « orangers », ɗaho ɗago « maison »), soit sur la dernière syllabe (Ex : nyungu « marmite », ivuhu « coude »). Toutefois, dans certains cas en shiNgazidja, notamment dans certaines formes verbales, un mot peut porter deux accents : un accent primaire réalisé sur un registre très haut, et un accent secondaire réalisé un registre moins élevé que le premier (Ex : ngaridjouwasamihi « nous leur pardonnerons »).

La place de l’accent peut varier en fonction du contexte. Elle obéit à des règles un peu complexes. La seule manière de bien placer l’accent, c’est d’écouter les gens parler et de les imiter. Ici, dans la mesure du possible, nous mettrons la syllabe accentuée en caractères gras.

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29 août 2010 7 29 /08 /août /2010 17:24

La langue comorienne : Généralité, par Mohamed Ahmed-Chamanga.

La langue comorienne ou shiKomori est la langue parlée dans l’archipel des Comores. Elle appartient à la famille des langues bantu, famille qui couvre pratiquement toute la moitié sud du continent africain, dans les pays comme : le Gabon, les deux Congo, le Kenya, la Tanzanie, l’Angola, la Zambie, le Mozambique, le Zimbabwe, la Namibie, le Botswana et l’Afrique du Sud. Elle est très proche du swahili avec lequel elle partage un stock important de vocabulaire commun et une civilisation arabo-bantoue.

Le shiKomori se décline en quatre variantes dialectales qui correspondent chacune à l’une des îles : le shiNgazidja (en abrégé Ng) à la Grande Comore (ou Ngazidja), le shiMwali (en abrégé Mw) à Mohéli (ou Mwali),  le shiNdzuani (en abrégé Nz) à Anjouan (ou Ndzuani) et le shiMaore (en abrégé Mao) à Mayotte (ou Maore). Ces variantes se répartissent en deux groupes selon leur degré d’affinité : le groupe oriental comprenant le shiMaore et le shiNdzuani et le groupe occidental formé des parlers shiMwali et shiNgazidja. Ces deux groupes se distinguent essentiellement sur leurs phonèmes (sons) et sur la morphologie (forme) verbale de l’inaccompli (surtout le présent et le futur). En outre, le shiNgazidja se différencie des autres variantes par l’emploi très poussé de phénomènes d’amalgame (fusion de plusieurs éléments en un seul), d’élision (chute de voyelle ou de syllabe), d’épenthétisation (apparition de consonne ou de syllabe non étymologique à des fins purement prosodiques) et de troncation (abrègement d’un mot par suppression de sa dernière syllabe).

L’intercompréhension entre les locuteurs de ces différentes variétés ne pose pas vraiment de problème pour peu que chacun veuille bien faire un petit effort, surtout dans le sens allant vers le shiNgazidja.

Voici quelques exemples de phrase dans les différents dialectes :

  • (Ng) emndru ola hafu « cette personne est morte »
  • (Mw) imndru ile afu « cette personne est morte »
  • (Nz) umntru ule afu « cette personne est morte »
  • (Mao) umtru ule afu « cette personne est morte »

Nous voyons que les différences sont ici minimes. Mais, parfois elles peuvent être  importantes. Par exemple :

  • (Ng) emwana ngutseho « l’enfant rit »
  • (Mw) imwana ngetseho « l’enfant rit »
  • (Nz) umwana asitseha ou akutseha « l’enfant rit »
  • (Mao) umwana asutseha « l’enfant rit »

ou encore :

  • (Ng) ngariwaparao « nous les appelons »
  • (Mw) ngeriwahirao « nous les appelons »
  • (Nz) risiwaira « nous les appelons »
  • (Mao) risuwahira « nous les appelons »

Ici, il y a non seulement des différences d’ordre lexical, mais nous voyons aussi que la manière de conjuguer les verbes est différente (du moins au présent).

Dans les prochains chapitres, en insistant sur les dialectes shiNgazidja et shiNdzuani pour plus de commodité, nous verrons comment sont formés les mots, comment se font les accords, comment se conjuguent les verbes, etc. Bref nous apprendrons la grammaire du comorien.

Mohamed Ahmed-Chamanga.

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8 août 2010 7 08 /08 /août /2010 00:57

L’alphabet du shiKomori

La population qui forme l'archipel des Comores parle majoritairement une langue unique : le comorien ou le shiKomori. Celui-ci appartient à la famille des langues bantu. Il est proche du swahili avec lequel il partage une origine commune, se traduisant par un fonctionnement grammatical semblable et un important lexique commun (environ 60%). Comme le swahili, le comorien s'est développé dans un environnement civilisationnel arabo-bantu. C'est ce qui explique pourquoi l'on retrouve dans ces deux langues un important stock de vocabulaire emprunté à l'arabe.

Le comorien est composé de différentes variétés correspondant chacune à l'une des iles. Ce sont : le

shiNgazidja (parlé à Ngazidja), le shiMwali (parlé à Mwali), le shiNdzuani (parlé à Ndzuani) et le shiMaore (parlé à Maore). Ces quatre parlers constituent deux groupes : le groupe oriental G1 (le shiNdzuani et le shiMaore) et le groupe occidental G2 (le shiNgazidja et le shiMwali).

L'alphabet du shiKomori est composé de 26 lettres. Ce sont :

Minuscule / Majuscule : a/A – ɓ/Ɓ – b/B – c/C – ɗ/Ɗ – d/D – e/E – f/F – g/G – h/H – i/I – j/J – k/K – l/L – m/M – n/N – o/O – p/P – r/R – s/S – t/T – u/U – v/V – w/W – y/Y – z/Z

On distingue :

-           5 voyelles orales (a, e, i, o, u) et 4 voyelles nasales (â, ê, î, û) ;

-           19 consonnes simples avec une seule lettre : ɓ, b, c, ɗ, d, f, g, h, j, k, l, m, n, p, r, s, t, v, w, y, z ;

-           10 consonnes simples transcrites avec deux lettres : dh, dj, dr, dz, ny, pv, sh, th, tr, ts ;

-           des consonnes complexes avec deux ou trois lettres :

ü   16 consonnes mi-nasales : mɓ, mb, nc, nɗ, nd, ndj, ndr, ndz, nf, ng, nk, mp, nt, ntr, nts, nv ;

ü   des consonnes vélarisées : ɓw, cw, dhw, ɗw, fw, … sw, tw … zw.

(Eléments extraits des documents du Professeur Chamanga : voir les détails sur les consonnes et les voyelles dans le document Ecriture et orthographe du shiKomori)

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